Daniel R. contre François M.

Cette fois, c’est parti. Daniel Raphoz vient d’annoncer sa candidature à la mairie de Ferney. Quant à celle de François Meylan, le maire sortant qui fut aussi, jadis, son colistier sur la liste de Georges Vianès, elle ne fait guère de doute. Véritable confrontation d’idées ou simple querelle de personnes ? Chacun se fera sa propre religion. Leurs parcours respectifs font penser au roseau de La Fontaine et à la Girouette d’Edgar Faure…

François 1er, roi de Ferney

A tout seigneur tout honneur, commençons par François 1er, actuel roi de Ferney. Son itinéraire est passablement tordu mais l’homme affirme n’avoir jamais eu qu’une ligne et s’y tenir. Voyons-y voir…

Un beau jour du millénaire dernier, François se fit élire maire de Versonnex. Quelle mouche l’avait-elle piqué ? Issu d’une modeste famille ferneysienne (ou du moins de la branche modeste d’une famille dont l’autre n’a jamais brillé par la modestie) il n’avait pourtant  aucun lien avec ce village de l’arrière-pays gessien. Allons pour Versonnex… Après y avoir professé quelques certitudes et installé quelques gendarmes couchés, François s’en ira comme il était venu, sans explications.

Pourtant, c’est à Versonnex que s’est fabriqué le futur maire de Ferney. Par esprit de revanche et goût du pouvoir. La revanche tenait et tient toujours à la haine farouche qu’il voue (c’est d’ailleurs réciproque) à son cousin triomphant, Pascal Meylan, alors maire de Ferney, notaire opulent, conseiller général et président du SIGEP, l’ancêtre de la Communauté de communes.

Une affaire de famille. Leurs deux papas sont frères mais celui de Pascal a gravi les barreaux de l’échelle sociale tandis que celui de François restait, dans l’humble quartier des Brotteaux, un simple et digne paysan jardinier. Le pot de terre contre le pot d’oseille, en quelque sorte.

C’est ainsi que, devenu membre du SIGEP en tant que maire de Versonnex, François n’eut de cesse de mettre de bons gros bâtons dans les roues de son cousin Pascal, qui le présidait. Tous les prétextes étaient bons, à commencer par les transports, les ordures ménagères et l’environnement, ses marottes. Cette première mission accomplie, François s’empressa de renoncer à la mairie de Versonnex comme il l’avait investie : sans explication.

Depuis le début, son but secret (de polichinelle) était d’humilier son cousin en le boutant hors de la mairie de Ferney. Il lui fallait donc revenir dans la cité de son enfance. Aux élections municipales de 1995, il entreprit sans  succès d’y monter sa propre liste mais, en désespoir de cause, rejoignit celle de Georges Vianès.

Le soutien de ses amis a sans doute joué un rôle dans leur victoire commune, qui se transformera vite en querelle interne. Adjoint à l’Urbanisme, François avait réclamé, sans l’obtenir, la place de 1er adjoint. L’issue était inévitable : après un véritable mano a mano, François fut dessaisi de ses compétences urbanistiques et se retrouva opposant au fond de la salle. Un jour, juré promis, il prendrait sa revanche…

Cette revanche allait passer par la création d’une association dite citoyenne, Ferney-à-Venir, dont le but initial, fort louable, était de réfléchir aux améliorations de la vie locale. En fait, il s’agissait d’un cheval de Troie. Un peu avant les municipales de 2008, Ferney-à-Venir devint Ferney-Avenir et dévoila sa véritable ambition : porter François au pouvoir. Ce qui fut dit fut fait !

Je n’ai jamais suivi qu’une seule ligne, affirme volontiers François. A voir ! En politique en tout cas, son chenin aura été tortueux.

Même au sein de l’équipe du socialiste Vianès, François s’est toujours déclaré « du centre » sinon de droite. Issu de la mouvance chrétienne-démocrate, il a longtemps trouvé quelques vertus à Etienne Blanc, maire de Divonne et président très UMP de la Communauté de communes. On le vit aussi flirter de très près avec Cap 21, le parti « humaniste et écologiste » de Corinne Lepage. Il tenta ensuite d’obtenir aux cantonales l’investiture du Modem mais la place était déjà prise par sa concurrente, Fabienne Faure. Aux dernières nouvelles, François est aujourd’hui membre du Parti socialiste. Grand bien lui fasse et bon vent aux prochaines élections, ce vent qui fait si bien tourner les girouettes…

Les prophéties de Daniel

Daniel fut un saint, mais c’était au temps de la Bible. Le Daniel ferneysien vole un peu moins haut mais ce n’est pas faute de vent, lui non plus. Officiellement employé par la mairie de Saint-Genis dirigée par le PRG Hubert Bertrand, il devint rapidement délégué syndical de la CFDT, rôle qu’il assume encore à ce jour et qui le dispense de faire trop souvent le chemin de Ferney à Saint-Genis. Parallèlement, il avait été élu en 1995 sur la liste ferneysienne de Georges Vianès où figurait aussi François Meylan. Lorsque ce denier fut éjecté par le maire, Daniel le remplaça au poste d’adjoint à l’urbanisme ! Leur haine farouche et partagée  remonte sans doute  à cette époque.

2001 : patatras ! Aux municipales, la liste de Georges Vianès est battue par celle de Pierre-Etienne Duty. Sur les bancs du conseil, Vianès, Raphoz et quelques autres se retrouvent dans l’opposition, rôle ingrat et quasiment impossible. Vianès démissionne rapidement. La voie est libre pour notre bon Daniel.

Duty étant un des plus mauvais maires qu’ait jamais eus Ferney, quelques dissensions voient le jour dans son équipe et, à l’approche des élections de 2008, plusieurs de ses conseillers se joignent à ceux de Raphoz pour la créatio d’une lsite commune. Reste à trouver une tête de liste crédible. Ce ne sera pas Daniel mais Fabienne (Faure), ex-chef de cabinet de Duty auquel elle a initialement été recommandée par… Etienne Blanc. Dieu que le monde est petit et le chemin tortueux !

A quelques voix près, la liste Meylan arrive en avance sur celle de Fabienne au premier tour 30,39% contre 29,78%). Celle de Duty arrive en troisième position et ne présente plus de véritable danger. Initialement envisagée, la fusions deux listes, au 2ème tour, est rapidement abandonnée. François et Fabienne se maintiennent face à Duty. Que le meilleur gagne !

François arrive nettement en tête (37,52% contre 27,63% à Fabienne Faure). Il vient ainsi de gagner le combat qu’il avait engagé, 19 ans plus tôt, en devenant maire de Versonnex.

Daniel, compagnon de route et aujourd’hui farouche opposant de François, aura en quelque sorte suivi le chemin inverse. Après avoir appartenu à une liste située à gauche, il se proclame aujourd’hui du centre mais on sait bien que le centre n’existe pas. La droite est en revanche bien présente à Ferney. Et pas si lointaine du centre, surtout par les temps qui courent.

Avant la candidature Raphoz, Etienne Blanc se préparait sans doute à parachuter une liste de son cru à Ferney afin d’évincer Meylan, qu’il abhorre. Mais maintenant ? Le loup Blanc peut-il encore envisager une liste concurrente à celle de Raphoz ? Et, face à un Meylan officiellement socialiste, Raphoz peut-il espérer l’emporter sans le soutien, au moins tacite, de l’UMP Blanc ? Surtout avec une liste qui risque bien de comporter pas mal de chevaux de retour et autant de candidats sans véritable engagement citoyen. Le vent tourne plus vite encore que la girouette. On y verra un peu plus clair dans quelques semaines.

Et les autres ?

Reste l’hypothèse d’une ou deux autres listes complémentaires. Le Front national présentera-t-il la sienne ? Avec quel leader, quels candidats et surtout quelles candidates ? Quant au dénommé Landreau, qui constitue aujourd’hui à lui tout seul, sur les bancs du conseil municipal, la liste « J’aime Ferney », il en veut et se démène pour trouver suffisamment de candidats qui, au bout du compte, ont très peu de chances d’être élus. Dommage car Landreau, qui a le don d’irriter le maire et son conseil, ne dit pas toujours que des âneries. Et les dit avec une certaine superbe. A moins qu’un ticket Raphoz-Landreau…

Bref, ce sera bientôt, à nouveau, la foire d’empoigne à Ferney. Pas sûr qu’une chatte y retrouvera ses petits, ni que les Ferneysiens y trouveront leur bonheur.

 

 

2 réflexions sur « Daniel R. contre François M. »

  1. Vous ne pouvez Pas savoir les maguouilles qu’il se passez à l’epoque ,j’ai personnellement subit toute cette équipe l’orsque je construisais à Ferney. Pourtant j’ai bien participé au devellopement . Jules biessy

  2. Je vois que nous avons quelques mois passionnants devons nous!! … heureusement, étant européenne, j’aurai le droit de voter!!

Postez ici votre commentaire. Bravo et merci !