Une allée pavée de bonnes intentions

Salle comble, ce lundi 15 décembre 2008, dans l’ex-école maternelle jouxtant la mairie de Ferney. Le maire invite les citoyens sensibles à l’abattage des peupliers du pré de la Tire et aux projets de développement d’un jardin public.

C’est hélas une vilaine façon de mettre la charrue avant les boeufs. On abat d’abord, on consulte ensuite. Certes, plusieurs peupliers étaient en mauvais état. Certes, il était urgent d’effectuer la coupe avant la remontée de sève, au risque de devoir reporter d’un an les abattages. Mais l’organisation d’une réunion publique peut ne prendre que quelques jours. Le maire n’a donc pas d’excuses et cette façon de mettre les citoyens devant le fait accompli irrite, surtout de la part d’une équipe qui s’est battue bec et ongles contre les abattages imposés par l’Etat dans le bois de la Bagasse, tout proche.

A noter la présence de beaucoup de Ferneysiens d’origine étrangère (Mexique, Brésil, Serbie, etc), qui interviennent avec précision et détermination malgré un français approximatif. Tous sont arrivés depuis peu mais tous se sentent ferneysiens et tous contestent la nécessité et la procédure des abattages. Tous sont prêts à parler de l’avenir plutôt que du passé.

Rehaussée de photos des « Jardins en mouvement » de Gilles Clément, la suggestion du conseiller municipal Arnaud Berthier, favorable à la résurrection « naturelle » des lieux, fait un flop. Non, on ne va pas attendre quarante ans pour avoir au centre de ferney des bosquets et broussailles surgis du fond des âges. Manifestement, l’assistance est déterminée. Qu’elle approuve ou non l’abattage complet de l’allée de peupliers, elle tient absolument à la replantation d’une allée rectiligne, double et symétrique sur l’emplacement actuel.

D’ailleurs, en vieux français, une « tire » est une file, une rangée. François Meylan, qui s’était toujours refusé à confirmer ce choix de replantation à l’identique (hormis l’essence des arbres, qui pourrait être modifiée), est trop fin politique pour ne pas s’apercevoir qu’il est temps de lâcher Berthier : oui, il y aura une allée. Et pour le reste, comme on n’a pas d’argent, on fera au plus simple.

Bataille rangée, ensuite, entre promeneurs avec chiens et mamans avec enfants. Il faudra les séparer. Un nouveau mur de Berlin sera-t-il érigé au centre de Ferney ? Les chiens feront leurs crottes en circuit fermé. Quant aux enfants, dès qu’ils auront abandonné les layettes au profit des culottes courtes, on leur fera planter des arbres. Plus tard encore, lorsque les arbres, les garçons et les filles auront atteint l’âge adulte, on pourrait même organiser pour eux , surtout si le chômage persiste, un nouveau bois de Boulogne. Avec travestis mais sans voitures. On est écolo ou on ne l’est pas.

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