De la neige comme s’il en pleuvait

Neige FC 107

Les Monts Jura, c’est mieux que la roulette russe. Posez le canon à neige sur la tempe et  attendez qu’il pleuve. A la première goutte, portez la main au portefeuille: ça va encore vous coûter bonbon sur votre prochaine feuille d’impôts.

Irrémédiablement, il fait un peu plus chaud chaque année, chaque hiver. Une giboulée ne fait pas davantage l’hiver qu’une hirondelle ne fait le printemps. Il faut se faire une raison. Il faut aussi regarder les choses en face.

Nos élus, perpétuellement sollicités par les communes dites de montagne, préfèrent construire de nouvelles remontées mécaniques plutôt que d’entretenir les anciennes. Il paraît que ça coûte moins cher. Mais ce qui coûterait moins cher encore, ce serait de tout arrêter et de rendre la montagne à la nature, à la nature et, pourquoi pas, au ski de fond.
– Oui, mais le ski de fond, ça ne raporte pas assez.

Allons donc. Le ski de fond ne fait peu-être pas renter des centaines de milliers d’euros dans les caisses privées mais il n’en fait pas non plus sortir beaucoup des caisses publiques. Le ski de piste, c’est tout le contraire. Chaque fois qu’un skieur achète – cher – son forfait journalier, ça coûte plus cher encore aux finances locales.

Le cercle vicieux ne date pas d’hier. Au temps où il y avait encore un peu de neige en hiver, on nous expliquait le déficit chronique de nos stations par la modestie des installations. En d’autres termes, les clients préféraient aller plus loin, payer plus cher, pour poser leurs fesses sur des remontées mécaniques dignes de leurs aspirations.

Du coup, des dizaines et des dizaines de millions ont été engloutis dans des installations haut de gamme qui, même flambant neuves, ne parvenaient jamais à rembourser l’investissement et devenaient encore plus dévoreuses de finances dès les premières pannes ou les nouvelles réglementations administratives. Hélas, depuis notre cher La Fontaine, chacun sait que la grenouille rêve de se faire aussi grosse que le boeuf. On connaît la suite…

Pour Stéphane Dalloz et David Tremblay, deux des responsables du « Comité d’organisation des compétitions sur le site de Lélex », il faut « relancer le ski alpin » et casser l’image du Jura « pays plat égale ski de fond ». C’est dans ce but qu’avec un premier budget de 35.000 euros et le soutien financier de la commune,  « l’élite du ski alpin » (sic)  prendra ses quartier dans la deuxième quinzaine de mars dans la station.

Les champions arriveront en même temps que le printemps. Avec beaucoup de chance, il restera quelques plaques de neige; avec un peu de malchance, les premières fleurs montreront leurs boutons. Déjà, par le passé, les compétitions ont dû être annulées. Cette année, affirme David Tremblay, « il n’y a aucun risque ». Ce n’est plus Monsieur Météo, c’est carrément Madame Soleil !

« Une piste niveau coupe du Monde », titre le Dauphiné Libéré. Sur la photo, David Tremblay pose en pied, face à la piste des exploits à venir: slalom, géant et super-géant. Soyons sérieux ! Implantées à une altitude bien supérieure, des stations savoyardes ont dû inventer la garantie neige, satisfait ou remboursé, pour fidéliser leur clientèle.

Ce n’est pas la panacée mais il paraît que ça fonctionne. C’est que le risque, là-haut, n’est pas trop grand. Jusqu’à Pâques, il y aura sans doute assez de neige. Un risque raisonnable, que peut prendre une station ou un assureur. Mais quelle compagnie sérieuse accepterait-elle d’assurer les Monts Jura ? Aucune. Du coup, ce sont les contribuables gessiens qui, à l’insu de leur plein gré,  vont une fois encore « assurer » la survie des Monts Jura.

Plus encore que la neige, les subventions tombent sur les Monts Jura comme s’il en pleuvait.

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