Beaucoup de bruit pour rien

Avion ballons FC 102

« Insonorisation : les riverains de l’aéroport indemnisés ». En une du Pays Gessien (5.6), ce titre a de quoi faire rêver ! Mais rêver seulement. D’abord parce que le libellé peut faire croire que  » les  » sont déjà indemnisés, alors qu’ils ne le seront que bientôt, plus tard, un jour, peut-être… Ensuite parce que cela ne concerne que les riverains ayant construit ou acquis leur logement avant 1979. Pour les autres – les plus nombreux – circulez, il n’y a rien à voir !

Et ce n’est pas tout. Dans un premier temps, seuls les bâtiments situés au contact direct de l’aéroport (zone C du Plan d’Exposition au Bruit) bénéficieront d’une aide à l’insonorisation. Les autres attendrant et ils risquent d’attendre longtemps. A moins qu’ils ne préfèrent y aller de leur poche.

L’accord passé entre le maire de Ferney et l’Aéroport de Genève est en effet particulièrement vicieux et compliqué. En effet, les candidats devront d’abord passer une convention avec la mairie, qui dépêcher un expert acousticien pour mesurer la gêne. Une entreprise devra ensuite établir un devis, qui devra être homologué par l’Aéroport. C’est alors le propriétaire qui ordonnera les travaux et qui, donc, devra les payer. Il ne sera remboursé que si un nouvel expert donne son accord. S’il ne l’obtient pas ou si les travaux dépassent le devis initial, mystère.

Il pourra alors, pensez-vous sans doute, se retourner vers la mairie avec laquelle il aura signé la convention initiale. Funeste erreur. Répondant à la question d’un conseiller municipal, François Meylan a déjà répondu :  » Les recours contre la mairie en cas de non-indemnisation sont possibles. Mais comme les travaux sont conclus entre le propriétaire et l’entreprise, la mairie a peu de chances d’être concernée « . Fermez le ban.

Grand défenseur des bois en particulier et de la nature en général, grand pourfendeur des pollueurs de tout acabit, le maire de Ferney n’est pas à une contradiction près. Lors de sa campagne victorieuse contre son prédécesseur Duty Free (ou Fric, à chacun son credo), François 1er – le nôtre, le seul – n’avait pas eu de mots assez durs pour stigmatiser le Plan Local d’Urbanisme prévoyant la constructibilité du splendide champ de Trez-la-Grange, en lisière de forêt, face au pré de la Corne déjà partiellement défiguré par les abattages d’arbres imposés par le préfet, et contre lesquels il avait tant guerroyé.

Lors de la campagne électorale, François 1er avait exclu toute urbanisation de cette zone. D’ailleurs, fervent défenseur d’un Plan d’Exposition au Bruit plus restrictif que celui de l’Etat, finalement adopté, il préconisait l’adoption d’une ligne interdisant la construction de toute nouvelle habitation au sud d’une ligne suivant grosso modo les rues de Meyrin et de Versoix.

Or, voilà-t-il pas qu’après avoir fait annuler le PLU de Duty Free, François 1er s’apprête à présenter, ce jeudi soir lors d’un débat public à la Salle du Levant, un  » Plan d’Aménagement Durable  » ouvrant au contraire cette zone, et en particulier Trez-la-Grange  » à la construction ! Interrogé par Ferney-Candide, François Meylan ne nie pas que cette zone fasse désormais partie des  » possibilités  » d’urbanisation. Quant au tracé du Plan d’Exposition au Bruit, il confirme avoir toujours souhaité qu’elle soit plus restrictive mais affirme que les contrôles sonores effectués récemment confirment que la nuisance sonore réelle est bien conforme à celle de la ligne prônée par l’Etat (mais pas par le François Meylan de l’époque, NDLR).

Si ce point précis fait partie du débat de jeudi (ce qui n’est pas sûr, selon François Meylan), les Ferneysiens et, particulièrement, ceux qui l’ont dans sa conquête du pouvoir, auront sans doute quelques questions à lui poser. A moins que, comme au temps où ils formaient le gros de ses troupes, ils ne restent une fois de plus le doigt sur la couture du pantalon.

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