Je ne suis pas frontalière

Pute grosse FC 34 p6

L’aut’jour, mon Candide, en f’sant mon tricot, j’ai reluqué ton article sur les Parisiens qui prennent les frontaliers pour des cons et ça m’a plongée dans les interrogations.

Moi, j’vends du frometon au supermarché du coin pour 4900 balles français, déduit qu’on m’enlève 1020 francs pour les charges, les allocs, la sécu, le chomedu et le reste. Et pis j’ai en prime le harcèlement sexuel de mon chef de rayon, en plus qu’mon patron y paie encore des charges pour mézigue et pas des moindres.

Mon frangin y bosse dur à la chaîne chez Renault et mon beauf’ s’est fait démolir à Vaulx-en-Velin. Et y z’ont des charges pareil à payer.

Un temps, j’fricotais avec Loulou qu’est frontalier à Genève, costar cravate, payé par quatre au change, belle bagnole, passe la douane sans s’arrêter, un vrai mec quoi. Y m’a virée pass’qu’avec 4900 balles j’pouvais pas suivre mais j’y en veux pas, vu qu’j’suis trop conne pour être frontalière qu’y m’a dit.

Mais Loulou y s’est fait virer de Suisse comme un malpropre et comme les Ritals en 72 et y veut pointer au chômage en France comme tout le monde. Mais ça m’ferait chier qu’Loulou qu’est frontalier y palpe mes allocs avec celles d’mon frangin de chez Renault et d’mon beauf’ qu’a été démoli à Vaulx-en-Velin. Vu qu’Loulou il a jamais cotisé avec nous.

Tout ça c’est pas moral et on devrait allonger le chomedu des frontaliers avec la compensation genevoise plutôt que d’renflouer le tire-fesses de Crozet-sans-neige ou d’faire des salles des fêtes qui servent dix jours par an.

J’en ai plus que marre et si j’veux m’en sortir, y m’reste plus qu’à faire le tapin. C’est pas encore encombré, ça rapporte sans taxes mais, comme j’ai pas un rond, faut qu’tu m’raques une fourgonnette. J’la mettrais ben à la douane de Collonges où y s’arrêtent tous mais c’est bourré de flics et de gabelous. C’qu’est pas une clientèle fréquentab’. Dans la côte de Greny y’a déjà une copine mais j’ai reluqué un chouette coin en haut de la montée des Bois à Echenevex. C’est près d’un puits du CERN qui crache des gaz dégueu mais c’est quand même pas les missiles à Hussein.

Pour l’tapin j’ai fait une étude de marché, comme y disent, et y a des banquiers suisses qui passent avec du fric blanchi plein les fouilles, des ingénieurs du CERN qui sont si gros du cerveau qu’y z’ont l’zizi à dégorger, ça paie bien et les frontaliers au chômage qui s’emmerdent et qu’osent pas rentrer chez leur vieille. Viendra p’tête Loulou avec son chomedu d’la compensation genevoise, comme ça avec mes fesses j’la recyclerai dans l’rev’nu national pour que vive la France. Et ça c’est-y pas moral, non…

Alors mon Candide, tu m’l’achètes, ma fourgonnette ?

Ta Marie-Paule

Une réflexion sur « Je ne suis pas frontalière »

  1. Y’a pas des bois dans l’coin ? Dans la région parisienne, le long des routes pas mal fréquentées, y’en a qui attendent (pas longtemps). En ce moment, y’a des tapis de feuilles bien moussus où poussent des champignons. Plus tard, faut voir ! Quand la neige sera venue, construire des igloos ? Y paraît qu’on y a chaud (où j’sais pas)

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