Marie-Paule et la bassine rose

Bordel Marie Paule

Mon Candide,

Comme je t’l’ai dit j’ai passé l’hiver à Bell’garde vers l’autoroute à m’fair’aimer par les zélus du coin, vu qu’ma copine d’Greny elle s’est fait foutrapoil sur la route par un connard qui y a piqué sa tire et mis un coup d’surin. En slip et les nibards à l’air qu’elle était, d’quoi s’enrhumer.

L’coin l’est pas mal, un peu venté, mais j’suis peinarde avec les flics d’Eloise qui viennent tirer leur crampe gratos une fois par s’maine, y m’foutent la paix.

Vers Noël y’a un grand chef à Chézery, égoutier qu’y m’a dit mais j’suis pas sûre, qu’arrive quand la bise. Puait l’vieux bouc, affreux, j’y fais laver les roubignoles dans la bassine rose. Y m’fout un bout d’barbaque sul’plumard, m’dit qu’c’est du chamois, encore un qu’les Gessiens y z’auront pas dans leur p    d’Réserve naturelle, font chier. Tous des cons les Gessiens. Font chier. J’ai foutu la barbaque au congèle, on s’la f’ra pour Pâques, l’a dû la braconner.

Après nouvel-an, y’a un grand-père qui rapplique, mal fagoté, béret basque et baskets au pied. Y tourne autour un moment, j’y fais rentrer, salut camarade qu’y m’dit, j’suis l’chef d’la mairestroïka d’Bell’aarde, dans les rénos à Fiterman qu’était mon pote à la SNCF. Y m’raconte qu’à Bell’garde on dit plus il est cocu mais il est coco le chef de gare. M’a laissé quèques roubles en pour liche, promis un logement social à Arlod, r’commandé son chauffeur Tour-niais, petit mais barbu, tendre et rosé.

Quand les prim’vères, j’vois pointer un balaise frisotté, serpent qui crache dans un bol sul’pare-brise, j’fais gaffe au toubib. Y rentre en disant qu’y voulait tirer un coup ici passe qu’à l’osto d’Saint-Julien y pouvait plus vu qu’toutes ses infirmières s’tiraient à G’nève. C’est alArmand qu’y m’a dit, vont pt’ète fermer l’osto. M’a foutu ses gros doigts dans tous mes p’tits trous et m’a dit qu’j’avais pas l’sida, merci pour la consulte. R’parti rapido s’faire inscrire sur une liste électorale, pour un Millon qu’y m’a dit. J’vot’rai pour lui.

Quèques jours après s’arrête une bagnole noire, chauffeur-casquette qu’ouvre la lourde. J’fous vite un coup d’Chanel et rentre un petit à lorgnons bien sapé, dit qu’y vaut mieux pas qu’on l’voie dans c’genre de festivités, vu qu’y avait déja eu l’sous-préfet aux champs. J’y fais l’grand jeu, y m’parle en vers, rut avec pute, bordel avec chandelle, un littéraire quoi. Content d’ma prestation y m’file un bon du Trésor et r’part. Ce s’rait ptèt’ un pré­fet et faudra qu’j’étudie ma grammaire pour les palma cadémiques.

V’la l’printemps mon Candide, j’pars pour Divonne où y’a du flouze, mais le cho­medu, les zélections et le franc suisse qui dégringole c’est pas bon.

J’te file un chèque et un gros mimi.

Ta Marie-Paule

Envoi en double passe que j’me méfie.

 

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